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Marie, mère des prisonniers


Cette photo a été prise dans l’oratoire de la communauté de San Ignacio. Le matin, vers 7h, le soleil vient jouer avec le cadre de la fenêtre et projeter son ombre sur le petit autel.

J’ai appelé cette photo : « Marie, mère des prisonniers ». Toute droite et en prière, elle semble avoir traversé les barreaux d’une prison dans laquelle seule demeure son ombre. Marie est libre. Elle est libre de cette liberté qui nous fait tant défaut : elle est libre d’elle-même.

Le péché, notre péché, est toujours une prison. Il nous empêche d’être réellement nous-mêmes. Et cette prison dont nous ne parvenons pas à sortir, c’est d’abord, curieusement, nous-mêmes. Nous ne parvenons pas à nous oublier nous-mêmes, nous ne parvenons pas à nous abandonner à Dieu car nous restons propriétaires et donc prisonniers de cet ego envahissant qui cherche toujours à s’imposer. Nous restons tournés vers notre propre centre ce qui nous empêche de vivre vraiment.

Nous sommes prisonniers de naissance ; nous sommes tous enfermés dans les limites étriquées de notre moi, entre les cloisons étroites de notre égoïsme et nous serrons les mains sur ce dont nous prétendons rester maîtres. Nous restons riches de nous-mêmes si bien que donner notre vie nous apparaît toujours comme une perte. Seul le pauvre est libre parce qu’il n’a rien à perdre. Comme il nous est difficile de devenir pauvre !

Marie est libre car elle n’est pas propriétaire de sa vie ; elle est pauvre d’elle-même, à l’image de Dieu qui n’est que don ; Marie peut laisser Dieu s’emparer de sa vie sans y voir le moindre danger. L’appel de Jésus est toujours un appel à la liberté. Le suivre, c’est ne plus prétendre retenir dans ses mains la vie qu’il nous donne, c’est ne plus être soi-même au centre de sa propre vie, c’est devenir libre de soi-même. Comme Marie.

Marie, mère des prisonniers, regarde tes enfants captifs.

Regarde tes enfants qui luttent, pris dans filets de leur propre péché,

de leur incapacité à aimer en vérité.

Regarde tes enfants qui aspirent tant à la liberté.

Marie, femme libre, par ton « oui » à Dieu

aide-nous à sortir de nos prisons, de toutes nos prisons :

prison de nos égoïsmes, prison de notre violence,

prison de notre soif de posséder et de dominer,

prison de notre indifférence à la souffrance de nos frères,

prison de notre surdité.

Marie, mère des prisonniers, intercède pour nous après du Père.

Marie, mère du Sauveur, aide-nous à trouver en ton Fils Jésus cette pauvreté

afin de répondre joyeusement à son appel.

Marie, notre mère, aide-nous à accueillir l’Esprit Saint libérateur.

et apprend-nous à laisser grandir en nous les fruits de la liberté :

le partage, la douceur, la pauvreté, l'humilité, la compassion, l’écoute.

Amen.


Pierre Alain Lejeune

21 Septembre 2016


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