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Au rythme de Dieu


« Venez à moi vous tous qui ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai. Chargez vous de mon joug et mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le soulagement de vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger » Mt 11,29-30

Dans l’Evangile de ce jour, Jésus nous parle de ce joug sous lequel nous trouvons le repos, la douceur, la légèreté. Quel paradoxe ! Dans notre langage, le joug représente au contraire la soumission, le fardeau, la contrainte. Mais Jésus aime tant les paradoxes…

Dans le Larousse je lis : « Joug : pièce de bois servant à atteler une paire d’animaux de trait ». Bon, passons sur l’image peu élogieuse du bœuf à laquelle aucun de nous sans doute ne voudrait être assimilé. Ce qui importe ici il me semble, c’est la paire ! Cette pièce de bois a notamment pour fonction de permettre que les deux animaux de trait, bœufs, chevaux, mules ou autres bêtes de somme, progressent au même rythme ; ce qui est essentiel pour tirer ensemble une charge et plus encore pour labourer une terre. Au même pas…

Or si Jésus me propose de prendre sur lui son joug, je peux légitimement me demander qui sera mon compagnon de besogne. Qui vient prendre place à mes côtés pour faire la paire ? Qui sinon celui qui est en train de m’adresser ces mots ? Jésus vient en nos vies non comme un simple spectateur ou comme un professeur qui ferait la leçon depuis sa chaire en attendant que chaque élève exécute les exercices. Il n’est pas seulement venu nous apprendre à vivre mais il est venu vivre avec nous ! Jésus est venu pour partager ma vie en toute chose, pour se mêler à mon humanité, pour s’atteler avec moi à la rude tâche de vivre, et jusqu’à la plus terrible d’entre elles, jusqu’à traverser avec moi ma propre mort. Certains jours, c’est une lourde besogne que de vivre. Et de mourir alors, n’en parlons pas ! Eh bien voilà que Jésus se propose pour porter avec moi cette charge.

Mais ce n’est pas tout. Si c’est bien Jésus qui vient prendre place à mes côtés sous le joug qu’il me propose, sans doute est-ce aussi pour m’inviter à progresser à son rythme, à marcher à son pas. Dans une randonnée, le secret de la réussite est dans le rythme ; on peut aller très loin pourvu que l’on trouve le bon pas, régulier. De toute évidence, le rythme de Dieu n’est pas le nôtre : « A tes yeux mille ans sont comme hier » (Ps 89,4). Nous voudrions souvent que tout aille plus vite quand tout va mal et plus lentement quand tout va bien... Que vienne le printemps des récoltes et que le labour des pluies de novembre ne soit plus qu’un mauvais souvenir ! Mais si ce compagnonnage de l’épreuve avec Jésus - telles deux bêtes de somme tirant la même charge - était précisément le temps qui faut pour enraciner plus profondément en nos cœurs sa présence aimante ! Si ce rythme de Dieu dans l’épreuve d’un labour pénible était la promesse d’une semence plus profonde, plus durable, plus féconde ! En accueillant Jésus au creux de nos épreuves, au plus profond de nos ornières, dans ces passages où notre pas se fait lourd et hésitant, voilà que nos épreuves se changent en compagnonnage et notre marche trouve un rythme nouveau, plus lent peut-être mais plus pausé, plus confiant. Le rythme de Dieu.

Voilà une image qui peut nous donner patience dans l’épreuve, courage face à l’adversité, humilité face à nos faiblesses. Voilà une image qui donne chair à cette promesse de Jésus dans la dernière parole adressée à ses disciples dans l’Evangile selon Saint Mathieu : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20)

Seigneur, donne-nous d’accueillir avec joie le joug que tu nous proposes et plus encore de t’accueillir à nos côtés, comme compagnon de besogne pour caler sur ton pas le rythme de notre vie. Car la vie avec toi, la vie au rythme de ton pas, a une autre saveur, une autre légèreté, une autre douceur !

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