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Tu aimeras...


Répondant à la question du scribe, Jésus rappelle le grand commandement de la Torah, celui qui donne sens à tous les commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Nous connaissons très bien ces mots. Pourtant un détail devrait nous surprendre. Habituellement, un commandement est édicté au mode impératif. Or ici, le verbe « aimer » n'est pas conjugué à l'impératif mais au futur : Dieu ne dit pas « aime ! » mais « tu aimeras ». D'ailleurs en hébreu, l'impératif n'existe pas ; c'est la forme du futur - que l'on appelle l'inaccompli en hébreu - qui est utilisée ici. Nous pourrions méditer longtemps sur cette particularité de l'hébreu : car ce futur ou cet « inaccompli » en dit long sur l'espérance de Dieu à notre égard : « tu aimeras… un jour tu aimeras enfin... ». Ce verbe au futur est une promesse bien plus qu'un ordre. Ce que nous avons l'habitude d'entendre comme une injonction peut-être reçu comme un encouragement, une espérance.

Il est vrai que lorsqu'il s'agit d'aimer nous sommes tous pris en défaut. Nous sommes tous dans l'inaccompli... Tous, nous pourrions répondre : « Mais je ne sais pas aimer, je suis tellement maladroit. Je veux aimer et je ne fais que me chercher moi-même. Je veux aimer et je m'agrippe encore et toujours à cet ego envahissant ». A cela, Dieu nous répond par un futur, un inaccompli qui ressemble à une promesse : « Tu aimeras... Bien sûr, tu n'aimes pas encore vraiment ; bien sûr tu restes empêtré en toi-même, ton amour est encore inaccompli. Mais tu aimeras... ».

Mieux que quiconque, Dieu sait combien nous peinons à aimer en vérité. Mais le regard qu'il pose sur nous est beau, c'est un regard plein d'espérance, plein de lumière. C'est comme une main posée sur notre épaule, comme une aurore qui promet un jour lumineux : « Tu aimeras. Allez ! ne perd pas courage, tu vas y arriver, tu vas vraiment aimer. C'est même le seul chemin par lequel tu deviendras réellement toi-même, réellement humain ».

Ce regard de bienveillance et d'espérance que Dieu pose sur chacun de ses enfants, c'est comme un chemin devant nous, comme un avenir ouvert, un horizon de terre promise. Dieu nous espère ! Et ce commandement devient une promesse, la plus belle des promesses : « tu aimeras ». Et l'avenir s'ouvre comme s'ouvre la mer vers la terre de liberté.

Pierre Alain Lejeune

16 octobre 2017

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