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Le plus beau cadeau


Ces jours-ci, les familles se retrouvent. Quelques jours avant Noël, vous arrivez chez vos parents chargés des cadeaux qui bientôt, seront déposés au pied du sapin ; ou bien vous accueillez chez vous vos enfants, vos petits-enfants, vos grands parents. Peut-être n’avez-vous pas dû supporter trois jours de marche à pied comme ce fut le cas pour Marie rendant visite à sa cousine Élisabeth, mais comme ces deux femmes, vous vivez ces rencontres familiales, ces retrouvailles.

Saint Luc nous raconte la visite de Marie à Élisabeth sa parente et il se dégage de ce récit une joie profonde, bouleversante. Peut-être la joie des retrouvailles que nous pouvons connaître nous aussi ces jours-ci ? Bien plus que cela en fait. Car cette rencontre entre les deux cousines, cache en fait une autre rencontre. Un peu comme un jeu de poupées russes, la rencontre entre Marie et Élisabeth révèle la rencontre entre leurs enfants à naître. Élisabeth porte en elle celui qui sera le prophète du Très Haut, Jean Baptiste ; Marie abrite déjà le germe du Sauveur, le Très-Haut qui se fait très-bas dans son ventre, le Dieu tout puissant qui revêt la faiblesse extrême, Jésus. Jean Baptiste bondit de joie dans le sein de sa mère ; et à travers lui, c’est toute l’espérance d’Israël, tout un peuple en attente qui déjà tressaille d’allégresse devant son Sauveur. Cette joie, c’est déjà la joie des hommes accueillant Dieu. Dieu a visité son peuple.

Au fond, cette rencontre qui en cache une autre, dit quelque chose de toutes nos rencontres. Car ce que nous cherchons en l’autre, ce que nous visons dans l’être aimé, c’est toujours plus que lui-même. Dans nos plus belles expériences d’amour, nos relations les plus vraies, ce que nous cherchons à rencontrer, c’est cette part d’infini, cette immensité insaisissable, ce mystère de l’autre ; ce que nous cherchons en l’autre, c’est Dieu. C’est alors que l’on aime vraiment.

L’histoire ne nous dit pas si Marie arriva chez sa cousine chargée d’un cadeau à lui offrir ; peut-être portait-elle quelque souvenir de sa lointaine Galilée. Mais le plus beau cadeau qu’elle offrait à Élisabeth, c’est l’enfant qu’elle portait en elle. Il en va de même pour nous : le plus beau cadeau que l’on puisse faire aux autres, c’est la présence de Dieu en nous. En cela Marie nous indique un chemin, une manière d’être et de vivre. Il s’agit de se rendre disponible à l’action de Dieu en nous afin d'offrir Dieu aux autres. Car Noël n’est pas seulement le rappel de la naissance d’un enfant il y a 2000 ans ; Noël célèbre Dieu qui veut naître en chacun de nous et nous faire ainsi advenir pleinement à nous-mêmes, nous faire advenir ainsi réellement à notre humanité. L’homme selon le projet de Dieu, c’est l’homme qui enfante Dieu.

Dans quelques jours, nous allons nous faire des cadeaux en pagaille ; c’est aussi cela la joie de Noël. Mais le plus beau cadeau est ailleurs. Accueillir en nous la présence de Dieu, faire place à ce Dieu qui veut naître en chacun de nous, laisser passer à travers nous sa lumière et sa paix, voilà le plus beau cadeau que l’on puisse offrir. Maurice ZUNDEL (encore lui…) écrivait : « Qui se donne à Dieu devient capable de donner Dieu ». Le plus beau cadeau que l’on puisse offrir, c’est la présence de Dieu en nous.

Pierre Alain Lejeune

22 décembre 2018

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