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Conduire au Christ



Depuis la publication de Fiducia Supplicans ouvrant la possibilité de bénir les couples homosexuels, nous assistons à une véritable guerre de tranchée entre défenseurs et opposants. Comme beaucoup d’entre vous je suppose, je suis attristé par cette situation. Allons-nous laisser se déchirer l’unité de l’Église sur un tel sujet ? N’avons-nous rien de plus urgent à dire au monde ? Et que pourrons-nous répondre à notre Seigneur au dernier jour si nous avons laissé se diviser son Église sur ce genre de questions ?

Je ne suis pas théologien mais simple curé de paroisse et pour être très franc, je ne sais pas s’il faut bénir des personnes ou des couples, des couples ou des unions, et combien de temps doivent durer ces bénédictions… Mais ces débats sans fin sont inaudibles pour le commun des mortels et entretiennent l’impression d’une Église enfermée dans des subtilités langagières et avare du trésor qu’elle a pour mission d’offrir.

J’ai parfois l’impression que nous ressemblons aux pharisiens qui, à force de couper les cheveux en quatre, en viennent à perdre de vue le plus important : la personne qui se trouve là, devant nous, et qui cherche à vivre sa foi comme elle le peut. Les personnes homosexuelles que j’accompagne me semblent loin, très loin de ces pinaillages et j’entends chez elles la difficulté de vivre une homosexualité qui n’est jamais choisie mais qui s’impose un jour, et avec laquelle il faut bien essayer de construire sa vie. Et sa vie chrétienne.

Lorsque Jésus va s’asseoir à la table de Zachée, il ne devient pas complice du mal que ce dernier a pu faire. Lorsqu’il relève la femme adultère, il ne bénit pas son péché. Il est vrai qu’il les appelle à la conversion mais la conversion, vous en conviendrez, cela peut prendre toute une vie et comme le dit le pape François,  « nous devons les prendre par la main et les aider à parcourir ce chemin, et non pas les condamner dès le début ».

Surtout, cette obsession dont nous faisons preuve au sujet des péchés touchant à la sexualité me semble suspecte. Comment se fait-il que nous soyons si prompts à condamner ces péchés-là pour lesquels notre volonté est pourtant rarement toute-puissante, et au contraire si discrets pour les péchés d’ordre social, si timides pour dénoncer le mépris envers les petits, l’abandon des migrants sur les routes de l’exode, l’exploitation des pauvres et le saccage de notre planète ? Ces péchés-là seraient-il moins graves ? Pourtant, notre libre arbitre y est habituellement beaucoup plus engagé, il me semble, et leurs conséquences tout à fait dramatiques.

Si la lettre de Fiducia Supplicans est maladroite, convenons-en, n’y a t-il pas autre chose à entendre du côté de son esprit ? Du côté de l’amour inconditionnel de Dieu qui ne bénit jamais le péché bien sûr, mais qui accueille toujours le pécheur, quel qu’il soit. Si ce sont vraiment les personnes homosexuelles qui comptent à nos yeux – et non pas nous-mêmes – une seule chose doit compter : les prendre par la main pour les conduire au Christ.


P. Pierre Alain Lejeune

26 janvier 2024

 

 

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