Des voeux pour les jours d'épreuve
Quels vœux formuler en ce début d’année ? L’exercice est périlleux tant ces mots semblent toujours rester lettre morte et ne laisser en nous que regrets et désillusions... C’est que souvent, nos vœux sont bien loin de la réalité de nos vies. Ils ressemblent à ces paillettes qui brillent un jour d’une fausse lumière et dès le lendemain s’éteignent, la fête terminée. Alors quels mots trouver en ces temps d’incertitude ? Je voudrais formuler des vœux pour nous aider à traverser les jours d’épreuve.
Dans l’épreuve, nous avons espéré que cette crise sanitaire nous conduise à inventer un autre monde : « le monde d’après ». Mais dès la première éclaircie, notre réflexe est surtout de reproduire le monde d’avant. Face à la peur de l’inconnu, il est tellement plus rassurant de se réfugier dans nos vieilles habitudes.
Cette année, je vous souhaite de ne pas avoir peur.
Dans l’épreuve nous avons été nombreux à aimer le silence enfin retrouvé, le temps d’écouter, de contempler et de goûter les heures. Pourtant bien vite, la tentation du remplissage et la loi de l’agenda menacent de s’imposer à nouveau. La nature a horreur du vide... Cette année, je vous souhaite d’aimer le silence et de goûter le temps qui passe.
Dans l’épreuve, les spécialistes du taux de croissance nous ont tour à tour effrayés puis rassurés au gré des variations du PIB. Mais n’y a t-il donc personne pour croire qu’il existe une autre croissance et d’autres critères pour évaluer nos vies ? Que si depuis des décennies nous avons consacré tant d’efforts pour une croissance économique, nous avons en revanche presqu’entièrement délaissé l’autre croissance : celle de l’esprit, de la vie intérieure et de ce qui nous relie les uns aux autres. Car il est une autre manière de grandir et de croître. Cette année, je vous souhaite de prendre soin de votre âme.
Dans l’épreuve, nous faisons l’expérience des larmes : expérience douloureuse mais ô combien salvatrice ! Comme une bienheureuse brèche dans la forteresse de notre suffisance : « Bienheureux ceux qui pleurent ». Pourtant bien vite, le naturel revient au galop et nous cherchons de nouveau cette armure intérieure, et nous fuyons de nouveau tout ce qui nous rend vulnérables et plus humains.
Cette année, je vous souhaite d’accueillir votre fragilité comme une bénédiction.
Cette année encore dans chacune de nos vies se présenteront toutes sortes d’épreuves et il serait illusoire de vous souhaiter d’en être épargnés. Autant vous souhaiter de ne pas vivre... Mais ce que je nous souhaite à tous, c’est de grandir dans les épreuves de cette vie, de ne pas fuir l’adversité et d’apprendre à travers les contrariétés à vivre autrement, à vivre pleinement ! C’est là il me semble, le secret de la vraie joie et de la paix intérieure. Bonne année 2022 !
Pierre Alain Lejeune
Le 1er janvier 2022
Concernant le PIB, je te rassure, il est en baisse constante depuis 1960. Sauf les rares épisodes de rattrapage après une crise. Les politiques qui l'invoquent sont dans le registre de l'incantation.